Penn Sardin, en breton signifie « tête de sardine ». Par extension, ce nom a été donné aux coiffes portées par les Douarnenistes et à l’ensemble des habitantes de Douarnenez.

Penn Sardin, la coiffe des Douarnenistes

La grève s’est déroulée du 21 novembre 1924 au 6 janvier 1925.
En 1905, une autre grève importante des ouvrières d’usine a eu lieu à Douarnenez. Elles ont obtenu d’être payées à l’heure et non plus au mille de sardines travaillées.
En 1936, par les accords de Matignon, le gouvernement du Front populaire introduit de nouvelles lois du travail qui ont permis de : créer le droit de grève ; créer la négociation collective ; promulguer la loi imposant 12 jours (deux semaines) de congés annuels payés pour les travailleurs.

Elles réclamaient un salaire digne.

Plus de 2 000 personnes ont manifesté pour protester contre le salaire de 80 centimes de l'heure, et le fait de devoir se rendre à tout moment sur appel à l'usine de jour comme de nuit lorsqu'une cargaison de sardine est livrée.

Pemp real, cela correspondait à un salaire de 1,25 franc de l'heure.

Du 21 novembre 1924 au 6 janvier 1925, soit 46 jours.

On parle d’une grève de femmes parce que ce sont, très majoritairement les ouvrières des conserveries qui ont arrêté de travailler. Mais elles étaient soutenues par les marins qui ne sont allés en mer que pour ravitailler les cantines et les soupes populaires et, bien sûr par les ouvriers qui travaillaient dans les mêmes usines.

Les historien.ne.s s’accordent à dire que ce n’était pas une grève féministe : pas de revendication d’égalité salariale en particulier.

Les mères assument 70% des tâches quotidiennes, comme le ménage et la garde des enfants, soit plus de deux fois plus que les pères de famille ... Santé Magazine. Décembre 2024

Source : Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes – © Observatoire des inégalités

• Voir le site de l'observatoire des inégalités

Elles étaient ouvrières d’usine.

Sardinières faisant la mise en boite à l'usine Chancerelle de Douarnenez

Elles réclamaient 1,25 franc de l’heure, elles ont obtenu 1 franc, elles n’ont donc pas complètement gagné !

Par contre, elle ont obtenu des avancées sur les heures supplémentaires et le travail de nuit.

Cela reste donc une victoire.

Elles ne la réclamaient pas. Cette revendication, pourtant suggérée par Lucie Colliard, n’est apparue que l’année suivante.

Le revenu salarial moyen des femmes est inférieur de 23,5 % à celui des hommes dans le secteur privé. Cet écart s’explique en partie par le moindre volume de travail annuel des femmes, qui sont à la fois moins souvent en emploi au cours de l’année, et davantage à temps partiel. Cependant, à temps de travail identique, le salaire moyen des femmes est inférieur de 14,9 % à celui des hommes. Depuis 1995, les inégalités de revenu salarial se sont réduites de 10 points, les écarts de volume de travail d’une part et de salaire en équivalent temps plein d’autre part contribuant conjointement à cette baisse.
Les différences de salaire s’expliquent surtout par la répartition genrée des professions : les femmes n’occupent pas le même type d’emploi et ne travaillent pas dans les mêmes secteurs que les hommes et accèdent moins aux postes les plus rémunérateurs. À poste comparable, c’est-à-dire à même profession exercée pour le même employeur, l’écart de salaire en équivalent temps plein se réduit à 4,0 %.
Les écarts de revenu salarial entre femmes et hommes sont encore plus marqués entre parents : les mères ont des temps de travail mais aussi des salaires en équivalent temps plein nettement inférieurs aux pères, et les écarts croissent avec le nombre d’enfants.

Source INSEE 2024

• Voir l'étude de INSEE Focus n° 320 du 5 mars 2024

Lcie Colliard, était une syndicaliste de la CGTU, arrivée à Douarnenez dès le début de la grève pour soutenir le mouvement. Elle crée le comité de grève, organise les manifestations journalières et soupes populaires. C’était une ancienne institutrice. Militante pacifiste pendant la Première Guerre mondiale, elle fut révoquée de l’Éducation nationale puis emprisonnée pour antimilitarisme.
C’était une féministe. Elle portait ces 3 messages.

• La maternité n’est pas une obligation, alors qu’une loi de 1920 interdisait toute communication sur une quelconque régulation des naissances.
• Elle incitait les femmes à demander une plus forte augmentation de leurs salaires
• Elle prônait l’égalité salariale avec les hommes, mais la société de l’époque n’était pas prête à entendre cette revendication.

Lucie Colliard lors du congrès du PCF en 1921

• Pour en savoir plus : voir sa fiche bibliographique sur le site Le Maitron

Les patrons ont commandité un attentat contre le maire Le Flanchec. Le 1 janvier, au Café L’Aurore, les malfrats tirent sur le Maire et le blessent ainsi que son neveu. Craignant d’être poursuivis, les patrons ont accédé aux demandes des grévistes.

Témoignage : « Mélanie, ancienne syndicaliste CFTC», enregistrée par Nicole Le Garrec, 1977

L'attentat - Illustration de Marianne Larvol

Joséphine Pencalet, élue le 3 mai 1925 sur la liste de Daniel Le Flanchec. Elle devient ainsi l'une des dix premières femmes élues dans un conseil municipal français.

Hélène Hémon a été adjointe au Maire Michel Mazéas.
Jocelyne Poitevin, actuelle Maire de Douarnenez a été élue adjointe de Joseph Trétout en 1995.

• Pour en savoir plus :

L'élection interdite de Fanny Bugnon - Itinéraire de Joséphine Pencalet, ouvrière bretonne (1886-1972) - Seuil, 2024

1925 . Le PCF profite d’une lacune dans la réglementation électorale pour présenter une dizaine de femmes à des places éligibles sur leurs listes. Daniel Le Flanchec suit cette recommandation et Joséphine Pencalet est élue.

Elle a siégé pendant 6 mois au conseil municipal avant que le Conseil d’état n'annule son élection le 27 novembre 1925 , mais les délibérations qu’elle a signées n’ont pas été invalidées.

L'Humanité 3 janvier 1925

Daniel Le Flanchec qui était Maire à cette époque. Il avait soutenu la grève et, à l’appel du Parti communiste avait inscrit une femme sur sa liste.

Michel Mazéas a été élu conseiller municipale en 1969, à la faveur d’une élection partielle, il devint conseiller municipal d’opposition. Deux ans plus tard, il conduisit la liste d’union de la gauche et fut élu maire, puis réélu trois fois (en 1977, 1983 et 1989). Il perdit son mandat en 1995 après la victoire de la liste de droite. Il devint alors conseiller municipal d’opposition, puis de la majorité, entre 2001 et 2008. En 2001, il figurait en effet en sixième position sur la liste de gauche « Pour Douarnenez, ensemble avec vous » conduite par Monique Prévost (divers gauche). Il cessa ses fonctions politiques en 2008.

Illustration de Marianne Larvol

Charles Tillon était permanent à la CGTU, Il est venu soutenir la grève. Lors des élections municipales de mai 1925, Charles Tillon, est élu sur la liste de Le Flanchec. Il sera aussi actif en 1926 dans le Pays bigouden. Peintre à ses heures, il immortalise d'ailleurs un défilé des ouvrières en grève sur les dunes, drapeau rouge en tête Il prend part à la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale en tant que fondateur et commandant en chef des FTPF (Francs tireurs et partisans français). De 1944 à 1947 : il est réélu député d'Aubervilliers - maire d'Aubervilliers. Après la libération de Paris, il est successivement ministre de l'Air, de l'Armement et de la Reconstruction.

Le parti communiste. Après les élections, Joséphine Pencalet s’est sentie abandonnée par le parti communiste. Elle s’est défendue toute seule devant le Conseil d’état et par la suite, elle a incité ses enfants à ne pas voter !

1965.
Donc en 1924, même si les femmes géraient l’économie domestique, une fois franchi le seuil de la maison, elles étaient sous la tutelle de leur mari…. Pas le droit de vote, pas de régulation des naissances. Difficile de parler d’une société matriarcale !

Voir la vidéo de l'INA Le droit des femmes :