Le parcours des grèves sardinières
Un parcours touristique et culturel original porté et imaginé par Emglev bro Douarnenez, association qui valorise la langue et la culture bretonnes, avec l’illustratrice Marianne Larvol et en partenariat avec l’Office de Tourisme du Pays de Douarnenez.
La mise en place par Marianne Larvol
![]() Marianne Larvol |
|
Le parcours
12 étapes de la Place de la Gare avec Lucie Colliard au port du Rosmeur avec Joséphine Pencalet.

Parcours des grèves sardinières sur le plan de Douarnenez
Dans la deuxième moitié du XIXème siècle, Douarnenez devient un grand centre industriel, suite à la création de nombreuses conserveries. Fin 1924, Près de 2 000 femmes d’usines travaillent dans 23 conserveries. Témoignage : « Mélanie, ancienne syndicaliste CFTC», enregistrée par Nicole Le Garrec, 1977 Pemp real a vo : « 25 sous nous aurons ». Tel est le slogan qui retentit dans les rues de Douarnenez lors des défilés quotidiens. Les ouvrières gagnent 0,80 F l’heure. Le 21 novembre, la grève éclate et s’étend à toute la ville le 24. Chansons : « pemp real a vo » chanté par Marie Le Moan-Prévosto, La Cale, en 2022, puis avec Jean-Pierre Hélias « Cinq sous nous aurons : C’est les femmes qui chantaient ça ! » (Robert Olier). « C’était pour demander cinq sous d’augmentation, le réal, c’était avant le sou. » (Marie Prévosto). Le réal est une monnaie espagnole utilisée du XIVe au milieu du XIXe siècle. Ce refrain a résonné durant la grande grève de 1924. « 25 sous tout de suite, il nous faut 25 sous – pemp real c’était 25 sous. (…) et alors on a fait une grève (…) près de deux mois. En train de faire des tours autour de la ville partout en chantant pemp real a vo. » Une femme parmi les usiniers Les patrons d’usines font front commun contre les revendications des grévistes. Alors que le comité de grève est reçu par le Ministre du Travail, une patronne d’usine, Mme QUERO accepte les revendications salariales. le 23 décembre 1924. Témoignage : « Mélanie, ancienne syndicaliste CFTC», enregistrée par Nicole Le Garrec, 1977 Le 1er janvier 1925, une tentative Témoignage : « Mélanie, ancienne syndicaliste CFTC», enregistrée par Nicole Le Garrec, 1977 Les femmes de Douarnenez sont appelées Penn Sardin. C'est le nom des coiffes qu'elles portent sur la tête. En 1905, une première grève permet aux femmes d'obtenir le paiement à l'heure et non plus au mille de sardines. Un syndicaliste à Douarnenez La révolte des Sardinières, peinture de Charles Tillon, 1926 – Musée de Bretagne Extraits de Charles Tillon ; le chef des FTP trahi par les siens, de Fabien Tillon, éditions Seuil, 2021 « Charles se multiplie pour une Chanson : « Mec’hed ar friturioù » o beg evit ur votez koad R – Jouez là et là-bas Hag ar sac’h war e benn. Et le rin trin trin Et l’argent du meunier 2 – E ti Pennamen zo leun a c’hwen 3 – E ti Lozac’hmeur emaint div-ha-div 4 – Merc’hed Penanros zo reñfermet 5 – Merc’hed Chemin zo merc’hed lor 6 – E ti Marlière o deus bronnoù bras 7 – Hag e ti Guy zo seurezed 1 – Les filles de chez Eugène Jacq sont de grandes gueules. Leurs bouches sont aussi grandes que leurs sabots de bois R – Jouez là et là-bas et le sac sur sa tête… 2 – Chez Pennamen leurs têtes sont pleines 3 – Chez Lozac’hmeur elles sont deux par deux 4 – Les filles de Penanros sont renfermées 5 – Les filles de Chemin sont des filles sales 6 – Chez Marlière elles ont de grosses poitrines 7 – Et chez Guy ce sont des (bonnes) sœurs Membre du comité de grève Chanson : Tan pinvidik e penn an dig chanté par Les Voisines, La Cale, 2022 Le 1er couplet (paroles et musique) a été recueilli à Douarnenez par René Pichavant, qui l’a publié dans Champilla en 1978. Les couplets suivants ont été « douarnenisés » par Les Voisines à partir de deux versions chantées au Guilvinec dans les conserveries. 3 Tan pinvidik ’ba’ lost an dro… 4 Tan pinvidik ’kichen Porzh Gad… 5 Tan pinvidik war ar Flimioù… 6 Tan pinvidik war ar Rosmeur… 7 Tan pinvidik e ti Micheline… 1 Tan pinvidik au bout de la digue 2 au bout de la digue 3 Au bout du virage 4 Près de Porscad 5 Sur le Flimioù 6 Sur le Rosmeur 7 Chez Micheline La grève se termine le 8 janvier 1925. Elle a duré 46 jours. Les femmes obtiennent 1F l’heure au lieu des 80 cts, les heures de nuit majorées, la reconnaissance du droit syndical. La chanson des Penn Sardin Engagée dans la grève, Joséphine Pencalet va marquer l’Histoire en devenant l’une des 10 premières femmes françaises à siéger dans un conseil municipal en mai 1925. Les femmes n’ayant pas encore le droit de vote, son élection est invalidée en novembre 1925. L’Élection interdite : Itinéraire de Joséphine Pencalet, ouvrière bretonne (1886-1972) de Fanny Bugnon - Extrait : « Née à Douarnenez en 1886 d’un père marin et d’une mère « femme de friture », Joséphine Pencalet reflète la condition ouvrière de la ville. Ouvrière de conserverie, elle participe à la grève au côté de plus de 2000 ouvrières et ouvriers. C’est dans ce contexte qu’elle signe son premier engagement en adhérant au syndicat CGTU. Au printemps 1925, moins de quatre mois après le dénouement victorieux du conflit, son nom est placardé sur les murs de Douarnenez : elle est candidate à l’élection municipale sur la liste de Daniel Le Flanchec. Le 3 mai 1925, la liste communiste triomphe en remportant 26 des 27 sièges au 1er tour. Joséphine Pencalet est ainsi proclamée élue. La situation est inédite : alors que les Françaises sont dépourvues des droits politiques, une femme est pour la première fois élue. Au total, elles sont dix dans ce cas en France. La loi n’interdit en effet pas aux femmes de se porter candidates. La justice administrative se met en marche dans les semaines qui suivent : la Préfecture invalide son élection au motif qu’elle est une femme ; Joséphine Pencalet conteste cette décision devant le Conseil d’État. Ce pourvoi lui permet de siéger au conseil municipal de Douarnenez jusqu’à la confirmation de l’annulation de son élection le 27 novembre 1925. Restée par la suite à l’écart du jeu électoral, elle meurt à Douarnenez en 1972. » Étape 2 : Du bateau à l'usine
Les femmes occupent 3 types de postes : l’étêtage et étripage les sardines, les contremaitresses qui encadrent les ouvrières, et les commises qui sont sur le port attendant le retour des pêcheurs pour acheter aux enchères le poisson. Étape 3 Daniel Le Flanchec
Daniel Le Flanchec est maire Douarnenez de 1924 à 1940. Son engagement et son soutien total à la grève fait de lui un véritable « héros » auprès des marins et femmes d’usines.
Étape 4 : La ville en grève
Étape 5 : Mme Quero
Étape 6 : L'attentat
d’assassinat est menée par des briseurs de grèves contre Daniel LE FLANCHEC (maire de Douarnenez très engagé dans les grèves). Blessé à la gorge, hospitalisé à Quimper, il revient le 5 janvier 1925 sous les acclamations des grévistes.
Étape 7 : Mme Morvan
Étape 8 : Charles Tillon
Fort de la victoire des Penn Sardin (femmes d’usines de Douarnenez), il œuvre sur toute la façade atlantique auprès des ouvrières pour améliorer leurs conditions de travail.
Pendant la seconde guerre mondiale, Charles Tillon devient commandant en chef des FTP (Francs Tireurs Partisans) puis ministre sous le gouvernement De Gaulle.cause qui, dès les débuts, l’électrise et l’envoûte. Il participe à la naissance des cantines populaires, suscite la solidarité dans toute la Bretagne, parmi les paysans, les ouvriers d’autres secteurs, bientôt dans toute la France. Il cherche, avec Le Flanchec et une poignée de députés de gauche, à réunir les moyens de subsistance nécessaires pour garder au chaud les milliers de famille qui sont entraînées dans la lutte. Avec le Comité de grève, il improvise une chaîne de solidarité dans tout le pays, presse, municipalités, coopératives, militants, particuliers… L’affaire devient nationale, et, pour la CGTU, prend les formes d’un combat exemplaire.
[…]
Il multiplie les tournées sur la côte, à vélo, de Loctudy à Kerity-Penmarch, de Pont-l’Abbé au Guilvinec, tentant d’étendre les avancées obtenues à d’autres usines…» Étape 9 : M. Bordennec
Un marin dans la grève
Le port de Douarnenez compte près de 500 chaloupes et 5000 marins. En 1924, ils restent à terre et soutiennent la grève.
Chanté par Pierre-Yves Pétillon, accompagné à la vielle par Michel Colleu, 2022. Le texte est celui recueilli par Herlé Denez en 1995 auprès de Renée Berlivet, qui l’a appris chez Pennamen ; version publiée dans Mémoire de la Ville en 1996, n° 26, p. 9. La mélodie et un couplet ont été transmis par René Losq le 29/05/2021. Il a entendu la chanson en travaillant le poisson à bord du mauritanien Tarentelle (DZ3969) en 1961, elle était chantée par Alexandre Le Moan.1 – Merc’hed Eugène Jacq zo begoù bras Brasoc’h
Emaint ’doug an deiz gant o morzenn
É pignat ar grec’henn emañ ar galeoù
emaint diwallet deus ar paotred
Enjoentiñ ar marc’h da gouezhet en aod
A daol anezho a dreist o skoaz
Emaint ’doug an deiz gant ur chapeledTraduction
Toute la journée avec leurs torpilles (genre de poisson)
Grimper la montée c’est le bagne
Elles sont préservées des garçons
Enjoignent le cheval de ne pas tomber sur la plage
Elles les jettent par-dessus leurs épaules
Toute la journée elles font leurs chapelets. Étape 10 : Mme Julien
Sans salaire, la population s’organise pour tenir et subvenir aux besoins de la famille.
Mme JULIEN s’occupe de la caisse de solidarité, de l’organisation de la soupe populaire.1 – Tan pinvidik e penn an dig
Tan pinvidik e penn an dig
Hag en deus graet ur ploñj a pik
Hag en deus graet ur ploñj a pik
Hag en deus graet ur ploñj a pik
Charmante brune
Hag en deus graet ur ploñj a pik
E penn an dig2 Tan pinvidik war penn an dig (bis)
Ar merc’hed yaouank a ’deus lik (bis)
Ar merc’hed yaouank a ’deus lik (bis)
Charmante brune
Ar merc’hed yaouank a ‘deus lik
E penn an dig
Ar merc’hed yaouank a ‘deus tro…
’Ba’ lost an dro…
Merc’hed yaouank o riboulat…
’Kichen Porzh Gad…
Ar merc’hed yaouank a ‘deus liv…
War ar Flimioù
Ar merc’hed yaouank a ‘deus fleur…
War ar Rosmeur
Setu n’em gavet ar Voisines…
E ti Mich’lineTraduction
Et il a fait un plongeon à pic
Au bout de la digue
Les jeunes filles ont le hoquet
Les jeunes filles ont du tour (avoir une habilité particulière)
Les jeunes femmes font la fête
Les femmes ont des couleurs
Les jeunes filles ont des fleurs
Voilà les Voisines. Étape 11 : La Victoire
Une grève de femmes victorieuse qui rayonnera bien au delà de Douarnenez. Étape 12 : Joséphine Pencalet